Ils marchent à pas lents sur des chemins caillouteux, courent parfois à perdre haleine, comme pour échapper à des poursuivants. Des horreurs, ils en ont sans doute trop vu, peut-être trop commis aussi, trop supporté. Ils voudraient que la vie les abandonne pour, enfin, être libérés de leur souffrance.Tous les personnages qui traversent ce film et les terres aux confins du Haut-Karabagh portent en eux une infinie mélancolie, habités par les fantômes du génocide de 1915 et du conflit qui meurtrit la région depuis la chute de l'Empire soviétique. Ils errent, dans cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, autoproclamée indépendante en 1991, mêlant leurs délires, leur folie, à ce qui reste de l'effondrement de l'Union soviétique au Caucase : des ruines, des espaces inhabités, des tombes, des vestiges de guerre, des tranchées d'où des jeunes soldats guettent un ennemi invisible.